mardi 11 février 2014

Le film "la Bataille des Marolles" au cinéma Nova

La « Bataille des Marolles » au cinéma Nova 

Nous avons assisté dimanche soir, au cinéma Nova, à une merveilleuse soirée au cours de laquelle fut projeté un superbe documentaire d’époque sur la « bataille des Marolles ». Celle-ci, souvenons-nous-en,  obtint en son temps le retrait d’un gigantesque projet d’extension du Palais de Justice de Bruxelles, en évitant ainsi la démolition de tout un quartier.

Dimanche, l’atmosphère est chaleureuse. Une foule nombreuse déborde sur le rue d’Arenberg et attend de pouvoir entrer au cinéma. Après trois quart d’heure de patience, nous pouvons prendre place dans la salle comble, vétuste mais fraternelle, du Nova. La projection peut commencer.

Les images en noir et blanc de notre cher quartier des Marolles défilent. Elles sont d’une autre époque (des années soixante), mais elles nous apportent l’arrière-fond vivant, le socle vital, des rues que tant de fois nous avons parcourues ; elles nous mettent en contact avec ses habitants, leur vie simple et vraie, leur générosité naturelle, leur existence profonde et joyeuse. Nous recevons ici en pleine figure ce que la vie que nous menons aujourd’hui, en électrons libres et en égoïstes malgré nous, nous a fait perdre : la vie partagée, les échanges liés chaque instant à la vie quotidienne, le rire défiant les soucis, la confiance fondamentale en l’existence et en ce qu’elle réserve à chacun d’entre nous. En voyant ces images, la joie nous remplit le cœur.

Lorsqu’arrive l’évocation de l’annonce de l’expulsion et de l’expropriation des habitants de la Marolle, nous voyons peu à peu le quartier se ressouder, se fédérer, et dire NON. Calmement. Fermement. Sans cris ni violence. Mais c’est NON et ce sera NON. Le secret de cette volonté indéfectible ? Chacun parle à ses voisins. L’âme de cette opposition tranquille mais farouche ? Le vicaire Van der Biest, le jeune vicaire qui a si bien compris l’esprit résigné mais plein de dignité des habitants de la Marolle ! Avec quelle fougue, quelle ironie, quel sourire, quelle foi il répond tranquillement aux « promoteurs » et leur oppose l’âme vivante de la ville ! Nous avons tous été profondément émus de le revoir tel qu’en lui-même dans un de ces moments au cours d’une vie qui n’ont pas été programmés, mais qui furent décisifs, qui marquèrent un destin et orientèrent une destinée. L’humour fut alors l’arme de l’amour, l’esprit frondeur bruxellois put s’exprimer avec cette connivence et cette tendresse qui n’en sont jamais absentes. Exemplaire !

Quand disparaissent les dernières images, la salle se retrouve avec elle-même, avec ses soucis d’aujourd’hui. Les organisateurs appellent sur la scène les acteurs de l’époque, l’abbé Van der Biest, Me Philippe De Keyser… La discussion s’engage. La bataille des Marolles serait-elle possible aujourd’hui ? Ce qui a fait son succès, c’est que personne alors ne s’est trouvé seul devant son problème à lui. Aujourd’hui, l’isolement est devenu trop souvent la règle. On ne put pas ne pas évoquer ainsi la brutale expulsion des réfugiés et de leurs enfants de l’église du Gesú : dans quel monde vivons-nous donc ? un monde où plus personne ne se parle, où rencontrer un responsable politique est devenu presque impossible... L’abbé n’a pour nous qu’un conseil : « Parlez à votre voisin ! ».

Puisse cette demande pressante ne jamais nous quitter, puisse-t-elle changer notre vie !

En repensant à ce documentaire magnifique, le sentiment qui nous étreint est celui de la gratitude, d’une gratitude profonde pour tous les acteurs de ce drame, qui se sont rencontrés, et qui ont décidé ensemble de bâtir leur futur.

Puissions-nous en tirer la leçon !
                                                 François Fierens

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