vendredi 14 juin 2013

IL Y A LES SAINTS ET LES CORROMPUS


Article de Monsieur Christian Laporte, paru dans la Libre Belgique du 12 juin 2013

Pour le Pape, il ne sera pas aisé de réformer la Curie, mais il ira jusqu’au bout.
C’est le compte-rendu d’une audience qui se voulait privée et qui n’a donc pas été commentée par le directeur de la salle de presse, mais il fait déjà le tour de la blogosphère catholique. Lors d’une audience accordée le 6 juin aux responsables de la Confédération latino-américaine et des Caraïbes des religieux et religieuses (Clar), le Pape s’est livré à quelques étonnantes confidences relayées par le site catholique progressiste "Reflexión y Liberación" lui-même repris par l’agence I.Medias au Vatican.
Le Pape y a ainsi reconnu qu’il ne pouvait pas mener lui-même la réforme de la Curie et ajouté qu’il mettait toute sa confiance dans la Commission spéciale de huit cardinaux qu’il a désignés en avril à cet effet.
Et d’évoquer, parmi les obstacles, "l’existence d’un lobby gay", comme le bruit en avait couru avec insistance à la fin du pontificat de Benoît XVI.
Certains avaient même établi un lien entre cette révélation et la décision du précédent pape de donner sa démission, mais elle avait été rapidement étouffée au sommet de l’Eglise. Mieux, le Saint-Siège avait démenti avec une rare fermeté ce qu’il considérait comme "des médisances, de la désinformation et des calomnies".
Le pape François n’est cependant pas prêt à baisser les bras. Ainsi la réforme de la Curie est toujours "une priorité" voulue "par presque tous les cardinaux" qui l’ont dit avec force lors des réunions préparatoires du dernier conclave. Mais le souverain pontife admet que ce sera une "entreprise difficile".
Car - second obstacle et non des moindres -, si "dans la Curie, il y a des gens saints, vraiment saints, il y existe aussi un courant de corruption".
Le pape François a avoué "être très désorganisé", mais que les partisans du statu quo ne se réjouissent pas trop vite : il fera pleinement confiance aux huit prélats venus de tous les continents et à l’archevêque Bertello qu’il a nommés pour mettre de l’ordre dans l’Eglise. Ces derniers se réuniront ainsi pour la première fois de façon officielle à Rome en octobre prochain.
Proche des pauvres
En même temps, François poursuit imperturbablement son combat pour une Eglise plus pauvre et surtout vraiment proche des pauvres. Avec en appui de nouveaux propos forts pour marquer les esprits.
Le dernier en date ? Lors de sa messe quotidienne à la résidence Ste-Marthe où il réside toujours plutôt qu’au Palais apostolique, le Pape a dit mardi que "Saint-Pierre n’avait pas de compte en banque" "Quand nous voulons faire une Eglise riche, l’Eglise vieillit et elle n’a pas de vie. [ ] La pauvreté qui doit caractériser l’Église nous sauve du risque de devenir des organisateurs, des entrepreneurs", a-t-il encore dit devant une petite assemblée dont faisait partie Mgr Gerhard Ludwig Müller, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Il ne faut cependant pas se méprendre sur ses propos. Ce n’est pas une manière de dire aux institutions ecclésiales qu’elles doivent fermer leurs comptes en banque ou ne plus investir dans les domaines de la santé, de l’éducation, etc. François pense à une attitude de pauvreté et de dépouillement comme objectif radical à terme. Un axe de pensée depuis son élection. Il prépare d’ailleurs aussi une encyclique sur la béatitude de l’Evangile "Heureux les pauvres". Ceux qui le sont matériellement mais aussi spirituellement.

Christian Laporte, dans "La Libre Belgique" du 12 juin 2013

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