lundi 22 février 2010

ECHANGES SUR LA FOI

Merci à ceux qui se sont donné la peine d'écrire quelque chose car "verba volant, scripta manent".

Commentaire de Robert EMPAIN

J'ai participé à cette rencontre sans savoir qu'elle se référerait à une Lettre sur la catéchèse dans la vie de l'église intitulée "Devenir adulte dans la foi " et publiée en 2006 par les évêques de Belgique. Je n'avais donc pas lu encore cette Lettre de 70 pages et il me semble que nos soeurs et frères présents à la réunion ne l'avaient pas lue non plus.
Dans son introduction notre curé esquissa quelques unes des crises que nous subissons : celle de la Foi, celle de l'église, celle des vocations, ainsi que la problématique de la catéchèse dans une société moderne et sécularisée : autant de sujets développés dans la Lettre des évêques. Cette introduction occupa près d'une demi heure sur l'heure prévue pour nos échanges, ceux ci furent donc brefs et insuffisants au point que chacun eut envie de le prolonger l'échange...
Notre curé nous a demandé de nous exprimer par écrit sur cette rencontre.
Ce que je fais. Je ne peux me substituer à mes soeurs et frères pour retranscrire leurs propos mais je vais rappeler mes deux brèves interventions; l'une sur la sécularisation l'autre sur ce qu'est essentiellement pour moi la Foi.

Sur la sécularisation

Rappel
Le problème posé par la Lettre est bien résumé au § 115 : ...vu les changements culturels et sociaux actuels - la sécularisation - comment devenir, être et demeurer adulte dans la foi aujourd'hui ? La transmission de la foi reste le défi majeur. Il importe d'y réfléchir... Oeuvre de longue haleine... un grand débat autour de la catéchèse sera ouvert... La lecture et le commentaire de la présente Lettre devrait constituer une première étape.

Rappelons que : " la sécularisation s'identifie à la laïcisation, c'est-à-dire à un processus par lequel le contenu théologique s'efface au profit de modes d'être et d'habitudes populaires sans référence explicite au sacré. Plus globalement et plus largement, la sécularisation désigne le processus visible depuis la fin du Moyen Âge qui voit des activités ou des dimensions de la vie humaine reliées à la sphère religieuse comme l'Art, l'Éthique, la Morale, ou la Politique se couper de toute référence au sacré ou à la transcendance. La sécularisation, au sens en usage aujourd'hui définit un processus dans lequel le monde et l'histoire humaine peuvent se comprendre à partir d'eux-mêmes, de manière proprement immanente. Wikipédia

À cet égard, j'ai fait une seule remarque :
Certes nous vivons dans une époque sécularisée, fortement matérialiste, scientiste et nihilisme ; une époque moderne et technique en transformation accélérée et incontrôlable, durant laquelle les églises se sont vidées...
Pourtant, il n'en demeure pas moins, comme le constatait voici plus de 20 ans l'anthropologue chrétien René Girard, que ce sont les valeurs chrétiennes qui se sont sécularisées. Jamais, en effet, les sociétés humaines ne se sont autant préoccupées des victimes, des plus faibles et des plus démunis (relisons Marx et ses descriptions des conditions de vie effroyables des masses dans l'Europe bourgeoise et chrétienne du 19° siècle !) ; et jamais autant la violence et la guerre n'ont été dénoncées et rejetées par l'opinion publique et la presse -
Même si, aurais-je du ajouter, si j'en avais eu le temps, cela est encore très insuffisant, même si les inégalités matérielles ont augmenté depuis 10 ans, depuis la mondialisation - qui est une stratégie des puissances de l'argent contre les acquis sociaux ; même si en réalité les violences et leur médiatisation spectaculaires ont augmenté ; même si notre capacité d'auto-destruction totale par la bombe atomique reste réelle... il reste que l'empathie pour la souffrance de l'autre homme augmente dans l'humanité...
Ce qui signifie que les hommes tendent à s'humaniser, à réduire leur violence (issue de la rivalité mimétique) ; qu'ils répondent de moins en moins à la violence par la violence ; qu'ils cherchent de moins en moins une victime émissaire et reconnaissent et regrette leur propre violence ( exemple de l'Afrique du Sud) etc...
En un mot les hommes se christianisent, sans pour autant être ou se dire chrétiens....

La Foi

Pour moi, la Foi, n'est pas du domaine de la conscience ni de la pensée, mais du pathos - c'est-à-dire de ce qui s'éprouve.
Je m'éprouve vivant alors que je ne me suis pas donné la vie à moi-même ; au contraire c'est la vie qui me donne à moi-même et me submerge...
La Foi est ainsi la certitude que j'ai de vivre, une certitude qui vient de la certitude d'une Vie absolue, d'un Premier Vivant, le Dieu Vivant.
Et s'il en est ainsi de tous les vivants, nous sommes tous un dans la Vie Une, et Fils d'un même Père et tous membres d'un même Corps Vivant, celui du Christ Jésus.
On pourra lire, sur cette approche de la Foi, Michel Henry.

Ajout

Après avoir lu la Lettre, j'ajoute (et je déplore) que les évêques ne retiennent aucune responsabilité de l'Église (institutionnelle) dans les crises qu'elle traverse (et qui ont commencé avec la Renaissance) :
au § 4, nos évêques posent la question: " qui est responsable de cette situation ? " Et de répondre : "personne n'est coupable...c'est un fait.... il s'agit plus d'impuissance que de faute...
Ce sujet complexe et douloureux demanderait évidement un long développement.
Disons que l'Église institutionnelle, comme chaque homme et comme l'Humanité tout entière, doit s'avancer vers sa Pâques, vers un nouveau passage, une nouvelle mutation en profondeur, qui exigent une Passion, une Mort, une Descente aux enfers et une Résurrection, une Nouvelle Naissance !
Si les sociétés humaines ont assimilé et sécularisé de valeurs chrétiennes -- comme les droits de l'homme, le droit de vote, l'éducation et les soins de santé pour tous, les acquis sociaux, les droits de la femme etc. -- cela a pu se faire grâce à l'Église et aux valeurs qu'elle a portées, mais aussi, en vérité et trop souvent, sans elle, sinon contre elle et les classes dont elle était proche...
De la sécularisation de ses valeurs l'Église peut prendre acte, se réjouir, y voir l'oeuvre de l'Esprit Saint.
Elle peut faire et donner sa confiance, aux hommes et à leurs lois pour répandre la morale et la dignité et la justice dans le monde
et passer alors au niveau supérieur de transmission et d'approfondissant, en invitant chaque à d'accomplissement
du message spirituel du Christ et de la Bible. (relire la Bible avec le Christ )

L'Église institutionnelle, meurt et mute sous nos yeux. Elle va renaître dans un Corps nouveau, le Corps mystique du Christ. Un Corps constitué de plus d'un milliard de membres vivants.
L'Église a Foi en ses enfants, elle va les envoyer, ces hommes et ces femmes, en missionnaires de la Bonne Nouvelle pour qu'ils annoncent autour d'eux l'avènement de l'Esprit et de l'Amour,
pour qu'ils rappellent à tous les hommes en quête éperdue d'identité et de Sens quelle est leur seule identité véritable: celle Fils de Dieu.
Pour qu'ils offrent à leurs frères et soeurs, aux Fils et Filles perdus de Dieu, encore séparés par leurs disputes destructrices, encore absorbés par leurs vaines conquêtes objectives,
par leurs vains savoirs et pouvoirs, l'Amour infini d'un seul et unique Père qui les appelle à naître à la Vie et à transfigurer le monde.

Cette mutation entraînera de nombreux changements concrets dont nous devrions parler.

à suivre...

ROBERT EMPAIN

Une deuxième contribution sera bientôt mise en ligne....

Laissons à présent la parole à notre Vicaire:
Conclusions de la rencontre du 21 février:
La Bible est une bibliothèque: les auteurs s'étalent sur une dizaine de siècles, il y en a des dizaines, des dizaines de genres différents: récits historiques, codes de loi, poésie, lettres, prières....
Et ce qui est absolument fondamental est de bien distinguer d'une part l'événement qui provoque l'écriture tenant compte nécessairement du temps et du lieu; l'événement produit alors un message original, différent de l'écrit et l'écrit est reçu par un lecteur qui lui aussi, perd/gagne une bonne partie par la transmission; Cette cascade de conditions fait qu'on trouve déjà dans la Bible des commentaires d'autres livres qui précédaient dans le temps. Ainsi, Jésus, avec les disciples d'Emmaüs, cherche dans le Bible "ce qui le concernait" (Luc 24, 27). Donc, si on est conscient qu'il y a l'événement, la lecture de l'événement par des groupes humains, des croyants en général, l'écriture alors par certains d'entre eux, peut être pas d'ailleurs dans le même temps que l'événement lui-même, enfin, la lecture par un lecteur quelconque, croyant, mais qui cherche à augmenter sa foi. Tout cela nous fait comprendre pourquoi il y a tant d'attrait à la Bible, d'une part et d'autre part tant d'opinions divergentes et aussi convergentes.
Mais la Bible est la plus belle chose que le Seigneur nous ait laissée, c'est la parole de Jésus qui nous est dite dans l'église, la parole gelée de Jésus. Et qui ne sert qu'à attirer notre attention sur la parole, le Verbe qui se fait chair.
C'est ce point là qui sera l'objet de notre échange le dimanche 14 mars.

Prochain rendez-vous: 14 mars à 10 heures 30 à la Chapelle de Lorette et prendre les pages 30 à 36 du livret "être adulte dans la foi", c'est-à-dire la relation entre la Parole et l'Eglise...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je vous remercie d'avoir publié mon texte; j'ai hâte de lire les commentaires de nos frères et soeurs.
Le Christ Jésus nous dit que le monde nous reconnaît, nous ses disciples, à ce que nous nous aimons les uns les autres, et il ajoute que là où nous sommes rassemblés en son Nom, Il est au milieu de nous. Je crois que notre catéchèse et notre action de Foi s'opère d'abord par notre rassemblement en une communauté dans l'Esprit et l'Amour, une communauté de coeur, la seule réelle et vivante en vérité, qui rayonne alors autour d'elle et qui agit et convertit les autres coeurs. Grâce Robert