samedi 4 décembre 2010

Chers amis,

Le mois de décembre nous plonge dans le beau temps liturgique de l'avent et de la fête de Noël. N'oublions pas que certaines traditions non-chrétiennes ont d'autres raisons pour se réunir. Veuillez trouver en annexe quelques textes explicatifs à ce sujet:

Judaïsme - Fête des Lumières: du 2 au 9 décembre 2010

La fête de Hanoucca remonte à la Purification du Temple de Jérusalem en 165 avant JC. Avant cette date-là le culte juif avait été presque totalement interdit, le temple profané dans le but d’imposer la culture hellénique au peuple juif. En effet, la Judée avait passé en 333 avant JC sous la domination des Grecs (Empire d’Alexandre le Grand). Les frères Maccabées s’y sont opposés et ont mené le combat contre l’occupant. Finalement, après avoir vaincu le roi syrien Antiochus IV, le peuple d’Israël a vécu sa deuxième période d’indépendance pendant environ quarante ans (la première avait duré de David jusqu’à l’exil babylonien). Après cette courte période d’autonomie, le territoire palestinien fut intégré dans l’Empire romain. (Passages bibliques correspondants: Interdiction du culte juif : 1 Maccabées 1; 41-64, Purification du temple : 1 Macc. 4; 36-61 2 Macc. 10; 1-9) Lorsque l’on sait la place centrale occupée par le Temple de Jérusalem dans le judaïsme, la reprise officielle du culte fut une véritable re-naissance. Par le miracle de l’huile retrouvée au milieu des immondices, Dieu manifestait son consentement divin. Dimension spirituelle plus profonde. Cet événement oppose deux conceptions de la lumière. Une lumière fondée sur la connaissance et la puissance de l’homme, imposant à l’humanité le temps et l’histoire (Empire grec de l’époque), et une lumière tournée vers les commandements de Dieu (lien avec le vécu religieux). Par conséquent, la fête de Hanoucca exprime de façon festive l’identité juive. Toutefois, elle est considérée comme une des fêtes mineures de l’année hébraïque et ne requiert pas de jour de congé. Dans Jean 10,22 on peut retrouver la référence à la fête de Hanoucca dans l'évangile. La commémoration de la dédicace du Temple dure huit jours. Elle revit le fait qu’une seule portion d’huile suffisait pour garder la menora (candélabre rituel à sept branches) allumée pendant huit jours consécutifs, événement qualifié de miracle. A l’heure actuelle, la menora originale ayant disparu après la démolition du Temple en 70 après JC, un candélabre à neuf branches est utilisé. La branche du milieu porte la bougie dont on se sert pour allumer les huit autres, une par jour. La liturgie à la synagogue s’inscrit dans la prière quotidienne du soir, en y ajoutant quelques textes spécifiques, entre autres psaume 30. Les synagogues choisissent un jour déterminé pour célébrer Hanoucca cérémoniellement. Ce jour-là, après la prière à la synagogue, tous les enfants reçoivent des cadeaux ainsi qu’une collation. Les adultes peuvent rester également à la fête. Les enfants fabriquent les hanoucciot (chandeliers de Hanoucca) . Certaines familles allument également le même nombre de bougies chez elles à la maison et mettent la hanouccia près de la fenêtre. Chaque jour, à la tombée de la nuit, on allume une lampe pour au moins une demi-heure. Réflexion prolongée. La lumière de notre vie et de notre monde demande à être rallumée chaque jour, mais chaque jour elle progresse. En effet, la sainteté n’est jamais atteinte définitivement. L’histoire est positive et constructive et la loi divine la mène à son terme. En tant que chrétiens, nous ne pouvons que nous réjouir de l’occurrence fortuite des dates de Hanoucca et de la fête de Noël. Nous voyons en Jésus la Lumière du monde, même un nouveau temple, non construit de main d’homme. La période de Noël se prolonge donc en la période de Hanoucca, ce qui pourra créer en nous une luminosité plus forte encore.

Bouddisme : Jour de la Bodhi : 8 décembre 2010

Cette fête célèbre l'illumination de Bouddha sous un figuier, connu sous le nom de l’arbre bodhi ou arbre de l’éveil. Le Jour de la Bodhi est la commémoration de l’illumination ou la découverte des ’quatre nobles vérités’. Ce jour est seulement célébré dans la tradition Mahayana (‘Grand Véhicule’), notamment par les bouddhistes originaires du Viêtnam, du Japon, de la Chine et de la Corée.

Les quatre nobles vérités sont :

1. Toute vie implique la souffrance, dès la naissance. Elle est universelle.

2. L'origine de la souffrance repose dans le désir et dans l’attachement à tout ce qui est matériel et passager dans la vie terrestre. L’ignorance de sa propre existence est la plus grande souffrance.

3. La fin de la souffrance est possible.

4. Le chemin menant à la fin de la souffrance est la voie médiane, qui évite les comportements extrêmes (une vie trop ascétique ou une vie de consommation exagérée.)

L’endroit où cet événement eut lieu s’appelle Bodhgaya, situé dans l’Etat de Bihar en Inde. L’arbre en question est devenue une attraction touristique, mais aussi en lieu de pélerinage.

P.S.: Autour du 8 février 2011 est célébré le passage de Bouddha au nirvana (son décès), suivi de l’anniversaire de sa naissance (un mois plus tard). Par contre, dans la tradition Theravada (‘Petit Véhicule’) ces trois jours de fête sont regroupés en un seul jour: Vesak, à la pleine lune du moi de mai de coeur.

Islam: Achoura: 16 décembre 2010

Terme dérivé de ‘achara’, qui signifie ‘dix’, correspondant au dixième jour du mois de Muharram, premier mois de l’année musulmane. De l’islam sunnite à l’islam chiite, en passant par le Maghreb, la journée dite Achoura est vécue différemment. Commémoration, jeûne, fête ou : chacun marque à sa façon ce jour-là.

Pour comprendre le sens d’Achoura, il faut remonter à l'an 622, lorsque Mohammed et ses disciples, ayant quitté La Mecque, arrivent à l'oasis de Médine. Une des trois tribus qui étaient installées dans l'oasis était juive, et le jour de l'arrivée de Mohammed cette tribu célébrait le Yom Kippour, jour du Grand Pardon. Ce jour-là, les Israélites observent un jeûne absolu et ne travaillent pas car ils demandent pardon à Dieu pour tous les péchés commis, à l'égard de Dieu et des autres, au cours de l'année écoulée. Mohammed conseille alors à ses compagnons de jeûner: "Dieu remet les péchés d'une année passée à quiconque jeûne le jour d'Achoura". Toutefois, deux ans plus tard, lorsque le mois du Ramadan est révélé, le jeûne de Achoura devient recommandé mais non obligatoire, à condition de jeûner deux jours - dont Achoura - pour se différencier du judaïsme. Les Chi'ites accordent une extrême importance au jour de l’Achoura. C’est le jour de la commémoration de la mort de Hussein, petit-fils du Prophète. En Irak et en Iran, c'est le grand jour de deuil marqué par la représentation de la ‘Passion d'al-Hussayn’. Dans les rues, les hommes se flagellent et s’infligent des coups jusqu’au sang. Les gens se lamentent sur la mort de Hussein. En effet, en 680, Hussein, quatrième calife de l'islam, lève une armée à La Mecque et marche sur l'Irak, pour faire valoir ses droits à la succession califale ouverte après l'assassinat de son père Ali, gendre de Mohammed. Après un siège de dix jours de la ville de Koufa, Hussein et son armée sont défaits par les troupes du calife Yazid 1er. La tradition rapporte qu'Hussein fut décapité et son corps mutilé à Karbala, où se trouve son tombeau, lieu saint des Chi'ites. C’est un jour où l’on se souvient des morts: il est de coutume d’aller rendre visite aux défunts.

L'Achoura, qui n'est pas mentionnée dans le Coran, est considérée comme une fête mineure par les Sunnites. Au Maroc l'Achoura est perçue, depuis des siècles, comme la fête de l'enfance, de la famille et des traditions. Cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable. C'est aussi un jour de partage et de charité. Elle rappelle l'obligation de faire l'aumône, de s'acquitter d'une contribution matérielle, la Zakat, destinée à assister les plus démunis. Habillés de neuf, les enfants reçoivent des cadeaux, des trompettes, des tambours, des pétards et d'autres jouets.

Christianisme : 25 décembre (ou 6 janvier): Noël

Dans l'Antiquité la Nativité de Jésus fut fêtée en Orient le 6 janvier, en même temps que la visite des trois mages, le baptême dans le Jourdain et les Noces de Cana. Ce sont autant d'aspects de la Manifestation de Dieu (Théophanie ou Epiphanie). Plus tard, quand en Occident la Nativité serait fixée au 25 décembre (à la date païenne du solstice d'hiver), cette ‘nouvelle’ fête, maintenant devenue autonome, sera également adoptée en Orient ; le 6 janvier devenait surtout la fête du Baptême (en Orient) et des trois mages (en Occident).

Or, depuis le 16° siècle l'Eglise catholique suit le calendrier grégorien, tandis que les Eglises orthodoxes continuent à se référer à l’ancien calendrier julien, qui actuellement est en retard de 13 jours sur le calendrier grégorien. Cette différence explique que le 25 décembre (Noël) est célébré dans l'Eglise orthodoxe le 7 janvier, alors que le 6 janvier (fête du baptême du Christ ou Théophanie) est reporté au 19 janvier. Cela est vrai pour toutes les fêtes liturgiques qui tombent chaque année sur la même date (par exemple : le 25 mars, Annonciation, est célébré le 7 avril).

Il y a certaines Eglises orthodoxes qui, dans les années vingt du siècle dernier, ont adopté le calendrier grégorien (‘nouveau calendrier’) pour les fêtes fixes. Elles célèbrent donc Noël le même jour que les catholiques (le patriarcat de Constantinople, la Grèce, la Bulgarie, et la Roumanie). Cette décision a malheureusement créé un schisme dans la plupart de ces Eglises. La même adaptation a été faite par les communautés orthodoxes créées en Europe occidentale et dont la plupart des membres sont des occidentaux.

En soi, il n'y a aucune raison théologique pour préférer un des deux calendriers. Le calendrier julien existe d'avant le Christianisme et a été instauré par Jules César. Le calendrier grégorien est appelé d'après le pape Grégoire XIII, qui l'a proclamé en 1582. Pour les "Vieux Calendaristes" c'est pourtant une question de fidélité aux usages de nos Pères. Astronomiquement parlant, le calendrier grégorien est évidemment une correction du calendrier julien.

(Source : frère Antoine, Monastère de Chevetogne)

Sur la différence entre les deux types de calendrier : http://pages.infinit.net/histoire/calendrier.html

Abbé Jan Van Eycken

Parcours Interreligieux

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