vendredi 9 avril 2010

Homélie du jour de Pâques

Il y a si peu de temps, c'était Noël: "le Verbe s'est fait chair". C'est-à-dire que Dieu est entré dans le temps et le lieu, dans le relatif, Lui qui est l'Absolu. Et Il n'a pas pris les choses à la légère: il a pris tout sur lui-même: Il devenu le "petit Jésus".
Envoyé par son Père pour annoncer l'Evangile, Il a parlé et agi. Parler la Bonne Nouvelle, la seule nouvelle qui soit vraiment nouvelle, radicalement. Et contrairement à ce que disent beaucoup, son discours a été compris: "les Juifs répliquèrent à Pilate: nous avons une loi et suivant cette loi il doit mourir parce qu'il s'est fait fils de Dieu" (Jean 19, 7ss). Cette réaction est celle des autorités juives. Mais Jésus s'adressait à tous: Pilate est de plus en plus effrayé parce qu'il perçoit confusément qu'il est devant quelque chose de plus que de l'ordinaire, de l'humain ordinaire. De même l'officier de garde à la Croix qui n'a aucune connaissance du Premier Testament ni de la religion des Juifs, affirme: "Cet homme était vraiment le fils de Dieu"; ce qui signifie pour cet homme qui parle latin - c'était la langue des soldats - met Jésus à l'équivalent de l'empereur, ex: la dédicace du Panthéon indique: "DIVI AGRIPPA".
Mais Jésus ne s'est pas contenté de nous entretenir de son Père, Il a fait des "miracles" des signes, non dans le sens de prodiges, mais de gestes qui montrent ce qu'est vraiment Dieu: Il a témoigné de sa présence auprès des exclus les plus divers, notamment des exclus sur base de la maladie. Non pour nous rendre irresponsable de ces exclusions, mais pour nous montrer ce que doit être un homme, un vrai: un philanthrope, un solidaire.

Jésus nous invite à partager sa vie et pas seulement sa vie humaine, mais sa vie divine, c'est-à-dire une vie incorruptible, parce que intemporelle ou plutôt a-temporelle. Nous pouvons partager la vie de Jésus maintenant si nous le suivons jusqu'à la mort, sa mort, par Amour, qui par définition est une relation déjà immortelle et incorruptible. Donner sa vie dans le concret: l'homme pour la femme, la femme pour l'homme, le chef pour ses serviteurs, qui devient d'ailleurs le serviteur tout en restant le maître. L'attitude de la Foi nous découvre que l'aiguillon de la mort, le dard, le stimulus est le péché: le repli sur soi. Parce qu'"on ne peut plus rien faire" avec les autres et pour les autres et que donc on se replie sur une position qu'on croit inexupgnable: le soi. Il n'ya pas si longtemps, on chantait à l'église des Minimes: "Je n'ai qu'une âme qu'il faut sauver..." D'autre parlent d'Eros et Tanatos: Dieu a mis en nous un esprit; cet esprit dirige l'humanité tout en étant différent d'elle quand elle refuse de recevoir cette âme par la rencontre de l'autre différent. Je suis donné à moi-même.
Tant que nous sommes ici, il y a le temps et il y a l'incorruptibilité. Ce sont deux "moments" de Pâques, deux aspects d'une même réalité, dynamique et dialectique.
Héraclite d'Ephèse disait: "le temps- qui apporte tout". Et Marc-Aurèle commente: "Telles sont la jeunesse, la viellesse, la croissance, la maturité, la poussée des dents, de la barbe et des cheveux blancs, la fécondation, la grossesse, l'action d'enfanter et les autre opérations naturelles qu'apportent les saisons de ta vie, telle est aussi la dissolution de ton être".
Depuis, le Christ est ressuscité, mettant à mort la mort.

Jacques Van der Biest

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