La
recette du bonheur du pape François
audience
générale, le 10 juin 2014, place Saint-Pierre à Rome.
« Quelle est la recette du
bonheur ? » À cette question posée par le journaliste argentin Pablo Calvo
pour la revue Viva, le pape réfléchit un instant, puis s’anime.
Visiblement détendu au milieu d’un groupe d’émigrés argentins reçus le
7 juillet dernier à la Maison Sainte-Marthe, il livre en dix points sa
« recette du bonheur ».
1. « Vivre et laisser vivre »
« Les Romains ont un dicton que nous
pouvons prendre comme fil directeur et qui dit "Allez, et laisser les
gens aller de l’avant". Vivre et laisser vivre, c’est le premier pas vers
la paix et le bonheur. »
2. Se donner aux autres
« Quelqu’un d’isolé court le
risque de devenir égoïste. Et l’eau stagnante est la première à se
corrompre. »
3. « Se mouvoir avec
bienveillance et humilité »
« Dans Don Segundo Sombra (NDLR
: roman argentin de Ricardo Güiraldes), le héros raconte que, jeune, il était
comme un torrent de montagne qui bousculait tout; devenu adulte, il était comme
un fleuve qui allait de l’avant puis, devenu vieux, qu’il avançait, mais
lentement, endigué. J’utilise cette image du poète et romancier Ricardo
Güiraldes, ce dernier adjectif, endigué. La capacité à se mouvoir avec
bienveillance et humilité. Les aînés ont cette sagesse, ils sont la mémoire
d’un peuple. Et un peuple qui ne se soucie pas de ses personnes âgées n’a pas
d’avenir. »
4. Jouer avec les enfants
« Le consumérisme nous a amené
l’angoisse de perdre la saine culture du loisir : lire, profiter de l’art…
Aujourd’hui, je confesse peu, mais à Buenos Aires, je confessais beaucoup et
aux jeunes mères qui venaient, je demandais "Combien avez-vous d’enfants ?
Jouez-vous avec eux ?" C’est une question à laquelle on ne s’attend pas,
mais c’était une façon de dire que les enfants sont la clé d’une culture saine.
C’est difficile pour les parents qui vont travailler tôt et reviennent quand
leurs enfants sont endormis. C’est difficile, mais il faut le faire. »
5. Passer ses dimanches en famille
« L’autre jour, à Campobasso,
j’ai rencontré le monde de l’université et celui du travail et, à chacun, j’ai
rappelé qu’on ne travaille pas le dimanche. Le dimanche, c’est pour la
famille. »
6. Aider les jeunes à trouver un
emploi
« Nous devons être créatifs
avec cette frange de la population. Faute d’opportunités, ils peuvent tomber
dans la drogue. Et le taux de suicide est très élevé chez les jeunes sans
travail. L’autre jour, j’ai lu, mais je ne suis pas sûr que ce soit une donnée
scientifique, qu’il y a 75 millions de jeunes de moins de 25 ans sans
emploi. Et cela ne suffit pas de les nourrir : il faudrait inventer pour eux
des cours d’une année pour être plombier, électricien, couturier… La dignité
permet de ramener du pain à la maison. »
7. « Prendre soin de la
création »
« Nous devons prendre soin de
la création et nous ne le faisons pas.
8. « Oublier rapidement le
négatif »
« Le besoin de dire du mal de
l’autre est la marque d’une faible estime de soi. Cela veut dire que je me sens
tellement mal que, au lieu de me relever, j’abaisse l’autre. Il est sain
d’oublier rapidement le négatif. »
9. Respecter ceux qui pensent
différemment
« On peut aller jusqu’au
témoignage avec l’autre, du moment que les deux progressent dans ce dialogue.
Mais la pire chose est le prosélytisme religieux, celui qui paralyse : "Je
dialogue avec toi pour te convaincre". Ça, non. Chacun dialogue depuis son
identité. L’Église croît par l’attraction, non par le prosélytisme. »
10. Rechercher activement la paix
« Nous vivons dans une époque
où les guerres sont nombreuses. (…) La guerre détruit. Et l’appel à la paix
a besoin d’être crié. La paix évoque parfois
le calme, mais la paix n’est jamais la quiétude : c’est toujours
une paix active. »
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