25 mai: comment voter:
Place à la vigilance
"NousCitoyens: le "Test-achats de l'électeur;
L'opinion d'Eric De Beukelaer sur
l'importance du vote en démocratie:
"NousCitoyens: le "Test-achats de l'électeur;
L'opinion d'Eric De Beukelaer sur
l'importance du vote en démocratie:
Le politiquement
correct : osons !
Je
n’aime donc pas trop ce sport national qui consiste à critiquer l’institution
politique et les élus du peuple, tout en se gardant bien de s’investir dans la
chose publique.
Le
regard du prêtre
Pour
le croyant que je suis, la théocratie est le système politique idéal. A
condition de s’appliquer aux anges. Mais les hommes ne sont pas des anges et
quand ils confondent Dieu et César, ce n’est bon ni pour le culte rendu à Dieu
ni pour le royaume confié à César.
Pour
le citoyen que je suis, la dictature est le système politique le plus efficace.
Tant que le peuple et son dictateur restent des saints. Mais les peuples et
leurs dictateurs sont rarement des saints et les dictatures dégénèrent dès lors
en tyrannie. Reste la démocratie…“La pire forme de gouvernement à l’exception
de toutes celles qui ont été essayées de temps à autre au cours de l’histoire”,
plaisantait le grand Churchill.
Les
deux parties de la phrase sont correctes. La démocratie est le pire des
systèmes politiques – lent, clientéliste, dispendieux, dispersé, inefficient,…
– mais tous les autres systèmes ont démontré qu’ils étaient bien pires encore.
Je n’aime donc pas trop ce sport national qui consiste à critiquer l’institution
politique et les élus du peuple, tout en se gardant bien de s’investir dans la
chose publique.
Trop
facilement pensonsnous que nos libertés civiques sont acquises une fois pour
toutes. Ainsi, il est de bon ton de vouer aux gémonies les sympathisants –
mêmes passifs – du régime nazi. C’est oublier un peu vite que notre Vieux Continent
et ses élites ont été à un doigt de collectivement basculer dans l’abîme. Avec
la publication des archives de guerre de l’Empire britannique, nous savons
désormais que – si fin mai 1940, avait été renversé dans le huis clos enfumé du
War Cabinet, un premier ministre de tempérament bipolaire, abusant du whisky et
du cigare, mais ayant le courage de ses intuitions – l’Angleterre aurait sans
doute négocié la paix avec Hitler. Bref, la Bête aurait triomphé et – je le
crains – régnerait encore.
En
clair, l’histoire nous enseigne que la politique est trop importante et la
démocratie trop fragile pour ne pas être l’affaire de tous. Intéressonsnous
donc à la chose publique. Malgré les déceptions bien réelles et les légitimes
colères face au monde politique, il n’est pas acceptable de se détourner du
droit de vote pour lequel nos aïeux se sont battus. “Si tous les dégoûtés s’en
vont, ne resteront plus que les dégoûtants”, marmonnait entre quelques bouffées
de pipe, un vieux crocodile de la politique belge. Et sur ce point en tout cas,
il voyait juste. Les préférences politiques sont personnelles, mais le devoir
d’électeur est l’affaire de tous. Soyons donc “politiquement corrects” – le mot
est ici pour le moins de circonstance – en prenant au sérieux l’élection du 25
mai et en ayant de l’estime pour celles et ceux qui participent.
Quant
à vous, chers (futurs) élus du peuple : soyez vigilants. Respectez le socle qui
soustend tout système démocratique : la pratique pacifique du débat avec des
arguments de raison et le respect de l’opposant. La politique – comme la boxe –
est un noble art. Parfois cela cogne sec, mais l’état de droit ne survit que tant
que cela ne se fait pas en dessous de la ceinture. Et puis surtout – ne vous
laissez pas pourrir l’âme par la parcelle de pouvoir qui vous sera éventuellement
confiée. Celleci n’est que service au nom d’un idéal qui vous dépasse et
survit.
Un
jour, un Homme enchaîné déclara au gouverneur qui devait statuer sur son sort :
“Mon royaume n’est pas de ce monde. ”Ce à quoi le puissant rétorqua: “Donc tu
es roi?” L’Homme répondit :“Tu le dis: je suis roi.Je ne suis né, et je ne suis
venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la
vérité écoute ma voix. ”Alors, quelque peu narquois – le gouverneur dit : “Qu’estce
que la vérité?”(Jean 18,3738). La Vérité lui faisait face, mais – grisé par
l’ivresse de son pouvoir – Pilate ne la reconnut pas.
ERIC
DE BEUKELAER
Chroniqueur
Blog:http://minisite.catho.
be/ericdebeukelaer/
La Libre du mardi 20mai
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